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À Tlemcen, nous sommes connus pour notre accueil chaleureux.

2013-04-09

Tlemcen la belle, ancienne capitale du Maghreb central

La ville algérienne de Tlemcen, chef-lieu de la commune du même nom, située à la frontière marocaine, est un écrin de beauté naturelle et de vestiges historiques.

« À Tlemcen, nous sommes connus pour notre accueil chaleureux. » Ces mots sont ceux d’un habitant de Tlemcen qui souhaitait la bienvenue au groupe d’étrangers que nous formions. Et cette réflexion ne fait qu’être confirmée au fur et à mesure qu’on rencontre des Tlemcéniens. À la demande de Zeina Haddad, représentante du ministère du Tourisme lors de la troisième semaine forestière qui avait lieu à Tlemcen, une tournée de la ville a été organisée avec Khadija Brixi, fondatrice, avec sa famille, d’une école d’équitation qui pourra bientôt accueillir des touristes pour un hébergement et des activités. Dans cette région où vous tombez sur des ruines à chaque coin de rue, cette tournée a un goût particulier : il est toujours plus vivant de découvrir une ville avec ses habitants.
À 520 kilomètres au sud-ouest d’Alger, à 76 kilomètres à l’est de la ville marocaine d’Oujda, Tlemcen est une ville habitée depuis l’Antiquité, mais surtout connue pour le règne de diverses dynasties islamiques au cours de son histoire. Elle a toujours été un centre religieux, culturel, intellectuel et architectural important.

La partie la plus ancienne de la localité est celle d’Agadir. C’est là aussi où l’on trouve les vestiges d’une très ancienne mosquée, dont il ne reste que des ruines et l’imposant minaret. La mosquée d’Agadir a connu une histoire mouvementée, dont la dernière étape a été la construction, lors de l’époque coloniale française, d’une route qui a séparé le minaret des ruines. Du haut du minaret, on a une vue imprenable sur toute la ville.
L’un des vestiges les plus imposants de la ville est sans nul doute le complexe religieux bâti autour du tombeau de Sidi Boumediene, l’un des plus grands mystiques du Maghreb, une figure soufie, mort dans la ville lors de son dernier voyage. Son tombeau reste un lieu de pèlerinage très fréquenté. Dans ce complexe religieux se trouve une superbe mosquée construite par le sultan mérinide Abu el-Hassan au quatorzième siècle, après son occupation de la ville. Ce sultan a laissé sa trace par le biais de ce bel édifice dont la porte à deux battants, de cinq mètres de haut et de plus d’un mètre et demi de large, en bois de cèdre recouvert de bronze, est une véritable splendeur. L’intérieur de la mosquée est d’une grande sobriété, réalisé avec art. Dans le même complexe, non loin de la mosquée, se trouvent les restes du palais que s’était construit le sultan Abu el-Hassan, dans un cadre paradisiaque avec vue sur la ville. Le palais est petit ; on pense qu’il pourrait s’agir de l’hôtel où logeaient les personnalités venues visiter le tombeau de Sidi Boumediene (selon Tlemcen, ouvrage d’Abderrahmane Khelifa). Dans ce même complexe, on trouve aussi la dernière madrassa toujours debout dans la ville (qui en comptait cinq au moins). Aujourd’hui, la madrassa est transformée en musée, et des statues remplacent désormais les élèves qui étudiaient jadis le Coran dans ses murs.
La plus grande mosquée historique d’Algérie, sans nul doute, est celle de Mansoura. Il ne reste de l’imposant édifice que le minaret, d’une hauteur extraordinaire, et les remparts dénudés en pierre rougeâtre. De cette mosquée, Ibn Khaldoun a dit qu’elle « fut une des plus grandes mosquées du monde » (selon l’ouvrage de Khelifa). C’est Ibn Khaldoun également qui a précisé que cette mosquée a été construite par Abu Yaqoub, sultan mérinide, au début du quatorzième siècle.
Toutefois, la dynastie islamique qui a le plus marqué l’histoire de la ville est celle des Zianides, une dynastie d’origine berbère qui a régné de 1235 à 1556, depuis Tlemcen, sur le Maghreb central. L’étendue de son territoire couvre une partie de l’actuelle Algérie. Aujourd’hui, on peut admirer dans la ville le palais royal des Zianides, dans le quartier d’« el-Mechouar » dont il porte le nom, restauré récemment à l’occasion de la proclamation de l’événement « Tlemcen, capitale de la culture islamique », en 2011. L’édifice où la couleur blanche prime est de toute beauté, avec une grande cour intérieure donnant sur des salles diverses. Les mosaïques et les gravures sur les murs ont été reconstruites presque à l’identique. Ce palais restauré n’est qu’une partie de ce qui devait former un ensemble bien plus important : il s’agit en fait des anciens appartements privés du roi. Mais l’édifice suffit à donner une idée de la magnificence d’origine.
La ville renferme également un nombre de musées, de multiples mosquées historiques, de hammams et autres vestiges anciens. Tlemcen est par ailleurs une commune agricole connue notamment pour ses cerises. Sa gastronomie est assez similaire à la cuisine du Maroc, tout proche. Ses ressources hydrauliques sont importantes. Tlemcen, en langue berbère, ne signifie-t-il pas « source », selon toute probabilité ?


Suzanne BAAKLINI            lorientlejour.com


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