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'Entre Tlemcen et Fès, il y a probablement plus de relation qu’entre Tlemcen et Oran'

2012-01-27

Exclusif. Algérie-Maroc : Brahimi, Kouchner, Zoubir plaident pour la réouverture des frontières


Le nouveau ministre marocain des Affaires étrangères, Saad-Eddine El-Othmani, a entamé, lundi 23 janvier, une visite de deux jours en Algérie. Cette visite a relancé le débat sur une éventuelle réouverture des frontières algéro-marocaines. Algérie-Focus a voulu connaître le point de vue de 3 experts sur le sujet : Lakdhar Brahimi, ancien secrétaire général adjoint de l’ONU, Bernard Kouchner, ancien ministre des affaires étrangères et Dr Yahia Zoubir, professeur de relations internationales à Euromed Management.

Il y a toujours des différents entre deux pays voisins

La frontière est fermée depuis 20 ans entre les deux pays . Certes, il existe toujours des contentieux politiques entre l’Algérie et le Maroc, notamment sur la question du Polisario, mais de part et d’autre, on entend souvent des officiels, des intellectuels ou des représentants de la société civile, réclamer la levée des barrières et une “normalisation” des relations entre ces deux pays proches. Lakdhar Brahimi le dit avec beaucoup de conviction : « Il n’y a pas de pays voisins qui n’ont pas de problèmes entre eux, ce n’est pas une raison pour fermer les frontières pendant 20 ans ». Idem pour Yahia Zoubir : « Il n’y a pas de raison de les laisser fermer pendant 20 ans ».

Lakhdar Brahimi ajoute : « A un certain moment, la majorité de la population était algérienne ». Aujourd’hui les échanges commerciaux entre les deux pays sont ridicules. « Entre Tlemcen et Fès , il y a probablement plus de relation qu’entre Tlemcen et Oran » précise L. Brahimi. Les seules activités sont informelles et profitent malheureusement qu’à une poignée d’individus.


Est-ce la problématique du Sahara occidentale qui bloque l’ouverture de la frontière ?

Pour Y. Zoubir, la réponse est claire. Il estime que le blocage sur ce dossier provient surtout du côté algérien et un peu moins des marocains qui conditionnent parfois les négociations à la résolution de ce contentieux : « Les algériens estiment que la problématique du Sahara occidentale est entre les mains des Nations Unies ».

Mais alors qu’est-ce qui empêche la réouverture des frontière ?

D’après Y. Zoubir, il faut régler tous les contentieux pour que les frontières soient ouvertes. Outre le problème politique, certains craignent que l’ouverture du marché algérien aux marocains ne fera pas le bonheur de tout le monde. D’autres parlent de la drogue ou de la main d’œuvre à bas prix venant du Maroc.


Et si véritablement l’Algérie est un grand pays, un grand marché économique dont le gouvernement peut sensiblement donner l’impulsion d’un Maghreb uni, alors cette question des frontières devrait être résolue rapidement. Il semblerait que les dirigeants algériens ont commencé à emprunter ce chemin de l’homme fort. La récente visite à Alger du nouveau ministre marocain des Affaires étrangères, Saad-Eddine El-Othmani, est peut-être le signe avant coureur d’une probable réconciliation.




R.T.            Algérie-Focus


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